Je vis aux Vermeilles, c’est le nom de mon quartier. Une petite maison de campagne entourée de cerisiers. Vermeils à la belle saison, quand les jours s’allongent et mes lectures avec.
Je n’ai pas une immense bibliothèque. Juste quelques planches de bois brut qui accueillent mes lectures récentes, les plus anciennes jouissant d’un profond sommeil au fin fond de cartons jamais vidés à la suite de déménagements successifs.
Si je frémis à la simple évocation de certaines œuvres m’ayant profondément touchée ou remuée, je n’ai pas d’auteur favori et ne ressens pas le besoin de tout lire d’un auteur quand bien même il m’aurait offert un immense coup de cœur. J’aurais même plutôt tendance à reporter ma découverte de ses œuvres, par crainte d’être déçue sans doute un peu, mais aussi et surtout par économie, par une modération qui ne me ressemble guère au quotidien mais qui s’impose à moi dans ce domaine, pour ne pas gaspiller des instants de lecture que j’espère précieux.
Je fonctionne à l’envie, au feeling comme on dit. Au hasard ? Je le crois, mais j’ai la main trop heureuse, à ce petit jeu, pour me résoudre à croire qu’il n’y a pas une personne qui tire les ficelles à mon insu. Comment expliquer sinon cette alchimie parfaite qui guide, presque à chaque fois, mes choix littéraires ? Moi qui ne crois en rien, je suis sûre qu’il y a là-haut une personne aimante et fort inspirée qui s’attache à mettre les meilleurs livres sur mon chemin. Un Dieu ou ce que vous voulez, bienveillant et cultivé.
J’aime que les livres m’apprennent des choses. Qu’ils me secouent. Qu’ils m’ébranlent.
Je n’aime pas la littérature divertissante, qui vide la tête. Au contraire, je lis pour la remplir à outrance.
J’aime les livres vivants, qui respirent, qui transpirent, qui saignent.
Littérature vermeille, de chair et de sang.
